Le 2 août 2018 : jour J !!!

7 heures : Une nouvelle patiente partagera la chambre. On prépare son lit. J'ai vu qu'elle s'appelait Sophie et qu'elle était née le 08/08 (!!!)
Elle arrive avec son mari. Rien qu'à voir ses tatouages, je sens qu'on va bien s'entendre. Elle est aussi angoissée que moi. On ne se parle pas encore.

8h00 : Je pars au bloc. J'ai dû insister pour garder mes lunettes. Je descends. Les brancardiers me laissent dans un long couloir juste devant les blocs.J'ai envie de faire pipi.
Tout le personnel croisé me dit bonjour avec un grand sourire. J'ai le regard rivé sur la pendule. Je m'encourage.
Un infirmier note mon nom sur mes lunettes et me chausse.
Une infirmière vient se présenter, c'est elle qui s'occupera de moi ce matin.
Et arrive l'anesthésiste ; "Vous vous souvenez de moi?" me demande-t-il en faisant semblant de bouger ses cheveux.
  "Avez-vous eu un cachet pour vous relaxer ? Non ? Bien, on va y aller en marchant."
Il blague ??? Non , il ne blague pas.
Il me demande de me lever et je parcours le couloir jusqu'au bloc entourée des infirmières et de lui qui entonne en levant le bras "tous ensemble, tous ensemble !" Situation complètement insolite ! Unique ! Tout le monde a le sourire en nous voyant passer, même les patients. Je rêve !

On m'installe dans le bloc, m'expliquant la particularité de l'installation. Je ne regarde pas.
L'anesthésiste exécute les gestes exactement comme il me l'avait expliqué.
Puis, vient le masque à oxygène, il me fait mal au nez, impression d'étouffer. Je le repousse deux fois mais on me le remet.
Et je sens qu'on caresse mon avant-bras gauche pour me rassurer. Je me dis que je dois me laisser aller...je laisse aller ...


11h30 : Je me réveille et vois mon infirmière attitrée, lui demande l'heure et si cela s'est bien passé. Elle lève les deux pouces en l'air. Je me tâte la tête. J'ai un oeuf de Pâques !!! C'est fait ! C'est fini ! J'ai fait le plus dur. Je suis heureuse, vraiment heureuse.

13 heures ; Je retourne dans la chambre.
Sophie, d'emblée, me propose ma prothèse gauche. Elle est orthophoniste. C'est le destin !
Maman arrive, surprise de ma bonne mine et me voir souriante.
Je me lève pour aller (enfin) aux toilettes : pas de vertiges.
Par contre, de gros bruits s'installent de plus en plus puissants. Grosse frayeur ! Ce sont les électrodes. J'ai bougé la tête trop rapidement.
J'apprendrais, plus tard, que le professeur V. a placé avec difficulté 16 électrodes. 16 ! Mon nombre préféré ! Je vais avoir une qualité d'écoute incroyable !
Je vais vivre ! C'est le sentiment qui prédomine.
 J'ai un de ces sourires.
Je me prends en photo en tirant la langue.
Sophie revient de son opération, c'est plus dur pour elle.
Nous ne dormirons pas la première nuit, il fait très chaud.
Les infirmières sont aux petits soins.
Le professeur V. passera le soir voir Sophie et en profitera pour me signaler que tout s’est bien passé.
Je reviendrai plus tard à son sujet.

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