Le 11 janvier 2019 : Solidarité Carolienne !!! 

Tout va bien ! J'ai trouvé un nouveau salon de coiffure puisque ma coiffeuse revend le sien. J'ai envoyé Louis en éclaireur pendant les vacances, il a adoré.
Donc, mardi, j'y suis allée pour prendre rdv et expliquer les conséquences de l'implantation. Ils ont été super compréhensifs.
Ma teinture a été refaite samedi dernier. j'avais demandé de l'aide à Caro pour protéger la cicatrice. Deux Caro sont venues m'aider (contre thé et cookies) !! Elles ont été top du top.
Une tenant le pansement pendant que l'autre s'occupait de mes cheveux. Franchement, j'ai été émue par leur solidarité.
Donc, je démarre l'année avec un carré plongeant ultra et couleur noisette !
J'ai pris mes résolutions pour 2019. J'avais choisi Brad Pitt en 2018, j'opte pour Javier Bardem ( pas de mal à choisir des beaux, des bons pour se booster !) :

Jouir
Avancer
Visiter / Voyager
Innover
Etre en harmonie
Relativiser

Balancer
Aimer
Rire
Danser
Entendre
Mincir

Un jour à la fois ...

Le 20 janvier 2019 : volume à donf ! 

Naïda réglage 5, augmentation du volume. Il est temps que je change de programmes. Je regarde Netfix avec Roger, je comprends tout. C'est dingue !
Hier soir, pour la première fois, j'ai mis le son à la télévision pour regarder un DVD avec Caro. J'arrivais à distinguer les différences entre les voix et les sous-titrages. Happy, je suis !
Je suis retournée au ciné " Les invisibles" et " Ben is back" : sublimes films.
Je kiffe my life.

Le 25 janvier 2019 : Ciné à gogo ! / mon père

Je ne sais plus si je l'ai dit mais depuis que je porte Naïda, mon père a perdu sa voix.
On s'en était rendu compte cet été, enfin surtout maman, car moi, cet été, je n'entendais pas grand chose ( mais c'était avant !!!)
Elle me disait qu'il n'avait plus de souffle quand il parlait. Quand je l'ai revu en octobre, il était presque devenu aphone, juste un murmure.
Il a passé des examens et a dû être opéré d'urgence....
J'ai été choquée face à cette nouvelle situation. Je pensais que j'avais fait la paix avec mon passé mais des souvenirs ont surgi et pas les meilleurs.
J'étais perdue, complètement perdue. Je ne savais plus quoi faire, quoi penser. J'ai dû me mettre ne arrêt maladie. Impossible d'en parler, juste envie de m'effondrer. Je pourrais écrire longtemps sur mon père, sur la façon dont il m'a traitée quand j'étais enfant, ado, mais le passé appartient au passé.
La doctoresse m'a conseillée d'aller voir un psy en urgence. Ce que j'ai fait. J'ai tout déballé. Et j'ai pris conscience en sortant de son cabinet, qu'à chaque fois, à chaque merde, je me suis relevée...toujours.
L'accident de voiture, être mère célibataire, être sourde, me faire implanter ( période post-opératoire assez hard)...
Je me suis sentie mieux, c'était la fin de période "loose".
J'ai profité de ma dernière de journée d'arrêt maladie pour la passer au ciné. J'ai vu quatre films en deux jours. Je me suis régalé.
Quant à mon père, sa convalescence va être longue, sa rééducation lourde. Je n'en ai parlé qu'avec Claude...
Je me suis souvenue ... de sa réflexion le jour de mon anniversaire au sujet de l'implantation que cela ne marcherait pas. Je le vois encore dire ça à table la bouche pleine.
Heureusement que j'ai appris à faire abstraction à toutes ses paroles néfastes...cela a dû jouer sur ma vie d'adulte, c'est certain, sur mon manque de confiance...mais je suis devenue forte.

Je pratique le métier que j'ai toujours voulu faire depuis presque 25 ans.
25 ans que j'enseigne, que je reste motivée, que j'essaie de faire progresser les élèves, leur montrer que d'être sourd n'est pas une tare. Nous ne sommes pas que ça.
Je ne suis pas sourde, c'est juste une déficience sensorielle. Je peux vivre comme tout le monde, enfin pas comme tout le monde, je n 'ai pas un caractère à faire comme tout le monde.
J'ai toujours aimé me démarquer, mais pas par ma surdité, plutôt  par mes idées, ma vision de la vie, mon style.
C'est assez difficile pour mon entourage professionnel de me coller une étiquette maintenant. Certains me demandent si j'ai une identité sourde ou entendante ( qu'est-ce que ça peut leur ....?)
Ils essaient de comprendre mais il n'y a rien à comprendre. J'ai décidé d'entendre, c'est aussi simple que cela. J'ai toujours vécu dans un monde d'entendants avec des entendants.
Quand je vais au ciné, je kiffe.
Quand je téléphone et que je suis capable d'avoir une conversation, je kiffe.
Quand j'écoute la musique avec Roger et que je reconnais les chansons, les instruments de musique, je kiffe.
Quand dans les magasins, je peux discuter avec  tout le monde, je kiffe.
Quand on me dit que j'ai une voix magnifique, je kiffe.
Quand Louis me raconte ce qu'il veut, ses coups de coeur cinématographiques, ses blagues et qu'il n'a plus à répéter, je kiffe.
Quand ma mère m'appelle "quinze fois par jour" pour me raconter les potins, je ...kiffe !
Quand mes amies me parlent et n'ont plus besoin de signer mais elles continuent de le faire par habitude. J'adore leur baisser les mains en leur faisant un clin d'oeil. Je kiffe.
Les acouphènes sont devenus rares, j'arrive à les gérer. Ben oui, trop forte, je suis ! Je continue ...

J'ai 48 ans. J'ai un fils qui va avoir 16 ans samedi prochain. Il ne bosse pas mais il vit. Il n'est pas délinquant, il ne fait pas de bêtises, et est très bien élevé et super cultivé. Atypique au système scolaire comme je pouvais l'être ( mais je ne vais pas lui dire, le comble pour une prof !). Il est en bonne santé. Je lui fais confiance. Je sais qu'il réussira car il a une mentalité en acier avec une sensibilité à fleur de peau. Il se donne un rythme de vie plein de droiture et très sain.
J'ai 48 ans et beaucoup de valises. j'ai ramé dans les flots, souvent à contre-courant mais je suis toujours rentrée au port. J'ai fait des détours, j'ai pris mon temps pour comprendre. J'ai eu de la chance de pouvoir étudier ce que je voulais, de choisir mon métier avec mon coeur ( merci maman d'avoir payé les livres de philo qui coûtaient une blinde, merci)
J'ai 48 ans et toujours les mêmes amis depuis des années. Peu d'amis sur lesquels je peux compter et ils savent que je suis là. J'en ai perdus de vue à mon grand regret ( Christophe, Vincent...), j'en ai retrouvés par le hasard des réseaux sociaux ( Monica, Estelle...)
 J'ai 48 ans et je n'en pouvais plus d'être sourde. J'ai dépassé mes préjugés. Belle leçon de vie. Rien n'est définitif dans les jugements. Et, je ne regrette absolument rien.
On me demande souvent pourquoi je ne me suis pas fait implantée avant.  Parce que je n'étais pas prête, parce que j'avais peur. Tout simplement.
J'ai 48 ans et je me suis assagie depuis que je porte Naïda. Je n'ai plus peur. Je ne suis plus en stress, angoissée.
J'ai 48 ans et j'ai décidé de prendre ma place de manière active dans cette société. Mieux vaut agir que dire ( "To do is to be" Sartre)
J'ai 48 ans et j'ai décidé d'entendre les personnes qui me font du bien !

Au fait, j'ai dépassé les 4 mois , ça passe vite, hein ?
Je n'écris plus tous les jours car je n'ai plus de grandes découvertes.
Je pense que c'est le cerveau qui travaille le plus, il est en train de tout mémoriser.
Je sens toujours que la perception s'affine mais les réglages sont insuffisants.

Le hasard n'existe pas. Au moment où j'entends mon père ne parle plus. A-t-il peur que j'entende ses paroles ? N'a-t-il plus rien à me dire ? Situation improbable, impensable. Dois-je approfondir ? Chercher le pourquoi du comment ? Je ne sais pas si j'ai l'envie ou le courage de chercher. Je n'ai surtout pas envie de me prendre la tête avec ça. La réponse viendra d'elle-même ou ...pas.

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