Le 1er mai 2019 : Vacances etc ...

Je n'écris plus, je sais... je vis. Mais, je reprends la plume car de belles aventures sont arrivées depuis le 31 mars !
Je vais bien, même très bien.
Alors dans l'ordre et dans le désordre :
- Je suis retournée deux fois au  théâtre et j'ai adoré.
- J'avais complétement oublié ma dentiste. J'ai pris un rdv pour un détartrage, il y a un code pour accéder à son cabinet. Au téléphone, à chaque fois je répète l'heure du rdv et le code et j'entends "hum".
Je me rends compte que c'est à elle que j'ai parlé quand je raccroche ( j'ai reconnu sa voix).
Une fois que nous sommes entrées dans son cabinet, elle attaque direct : " Mais qu'avez-vous fait à vos oreilles?"
Car d'habitude quand je prenais rdv : Louis était à mes côtés pour m'aider ou c'était maman qui téléphonait pour moi...
Oui, oui, j'ai oublié ma dentiste, oublié de lui dire.
Elle fait son soin en gardant tout le temps son masque même pour me donner des directives alors qu'avant elle était obligée de le retirer ( mais c'était avant !).
Alors, le bruit de la roulette : ben franchement ça va, ce n'est pas si terrible que ça.
Par contre, ses instruments font un bruit strident quand ils raclent les dents.
Elle semble super contente pour moi, tellement contente qu'elle en oublie de retirer son masque et se met à papoter une fois le soin fini mais ...je gère.

Je ne pourrais pas faire l'impasse sur mon rendez-vous avec le Professeur Vincent durant les vacances car ce fut quelque chose d'inoubliable. Un pur moment de bonheur, l'apothéose de tous les rdv ( cinq en tout, mais quand vais-je vraiment être en vacances ?).
J'ai commencé avec le psy : petit bilan et échange pour l'implant à l'oreille gauche.
Je lui ai parlé de mon père, que je voyais "l'élégante" pour essayer de me démêler de tout ça. Il m'offre un sublime poème sur l'amour filial. Et nous finissons la séance par un exercice sur la respiration et l'évacuation du ...des idées noires...
Il est, bien sûr, ok pour le second implant. Il constate que je travaille beaucoup pour progresser, que l'implant ne reste qu'un outil et qu'il y a un long travail d'apprentissage à effectuer.
Les deux rendez-vous suivants sont plus laborieux voire pénibles : rdv bilan ortho et tests en cabine pour l'oreille gauche avec la prothèse auditive sans lecture labiale.
Et là, j'ai pris une claque mais pas de bonheur cette fois-ci.
L'orthophoniste, toujours aussi gentille, m'avait prévenue que ce serait dur ( bel euphémisme!)
En fait, je ne comprends rien, quedal, avec la prothèse si je n'ai pas accès à la lecture labiale.
J'ai abandonné les tests quand nous sommes arrivées à la compréhension du texte, je ne perçois que deux mots, incapable de lui résumer ce que j'ai compris parce qu'il n'y a rien.
Et je fonds en larmes d'un seul coup.
Elle m 'avait aussi dit que ces tests servaient à valider la nécessité de l'implantation auprès de la sécurité sociale. Je crois que c'est validé, non ?
Je prends pleinement conscience de cette surdité.
Avec l'implant, j'obtenais 100% de réussite au texte.
Je repars dans la salle d'attente pour les tests en cabine.
J'ai avoué que je ne désirais pas retomber avec le même technicien qu'au mois de février, j'ai des limites et je sens que je ne supporterai pas ses maladresses, ses réflexions aujourd'hui.
L'infirmière ( Isabelle sur sa blouse), que j'avais vue en juillet pour l'audiogramme avant le rdv avec le Professeur Vincent, vient me voir et essaye de me consoler comme elle peut. Elle décide de m'accompagner pour les tests ( franchement, il y a des personnes adorables, bienveillantes dans ce service).
J'ai le droit à une autre technicienne ( quand je retournerai au CHU, le technicien tournera la tête en me voyant. pas grave, j'assume. Dommage qu'il ne soit pas venu me voir pour que nous ayons une explication).
En cabine, j'apprends que les performances ont augmenté de 10 % sur la compréhension des phonèmes sur 30 décibels ( en 2 mois, chapeau ! )
Là aussi, malgré une concentration maximale, je ne comprends pas grand chose avec la prothèse gauche.
Par contre, en bruit ambiant, je perçois et comprends le double des phrases avec l'implant et surtout j'entends la voix ! Je la distingue dans le bruit.
Elles ont toutes été super sympa avec moi. Je quitte le CHU avec un moral meilleur car je sais que l'implant fonctionne et que j'ai pris la bonne décision de faire la seconde oreille.
Ce jour-là, j'ai, enfin, appris le prénom de la secrétaire à l'accueil : Katherine ! Un amour de Katherine avec un K !!
Mon quatrième rdv est avec l'audioprothésiste pour les réglages. Là, c'est du beurre. Elle est d'une gentillesse et d'une douceur. Elle m'explique tout, me montre les audiogrammes sur son ordinateur, la position des 16 ... Je repars avec cinq nouveaux réglages.
 Le dernier rdv est avec le Professeur Vincent. J'appréhende un peu. Nous arrivons tôt. Il y a déjà deux internes dans son bureau.
Il faudra que je parle de ces internes qui murmurent le nom des patients pour les appeler à leur rdv, savent-ils qu'ils travaillent dans un service où il y a des personnes sourdes et malentendantes ?Articulez et parlez plus fort, que diable ! D'ailleurs, je n'entends pas quand l'un d'entre eux m'appelle, c'est maman qui me le signale.
Le Professeur Vincent est déjà assis à son bureau, un audiogramme à la main et il ...sourit ! Oui, oui, il sourit ( je vois ses dents, superbe dentition en passant) et il est ...heureux, heureux de mes résultats.
J'avoue que je ne m'y attendais pas du tout. Je suis complétement désarçonnée. Je reste debout.
Je lui demande la permission de m'asseoir. Il me dit que les résultats sont très bons et que je vais encore progresser, je ne suis qu'au début.
Alors, je prends mon courage à deux mains, j'ai quelque chose à faire, je me suis fixée un but quand je le verrai alors je me lance.
Je lui dis qu'avant de commencer je tenais à le remercier, vraiment, qu'il était mon sauveur, que grâce à lui ma vie avait changé, que je revivais ...
" Je n'ai fait que mon travail" me répond-il humblement tout en continuant de sourire.
Je lui explique, que grâce à lui, je téléphone ("vous téléphonez??!!") alors qu'avant j'avais besoin d'une tierce personne pour prendre des rdv, maintenant je le fais et je papote.
Que je n'ai plus besoin d'interprète en réunion de travail ( je vois les yeux des internes s'élargir comme des ballons, hé ouais les gars ...je continue)
Que j'avais retrouvé mon fils, qu'il ne voulait plus me parler car je ne comprenais rien et qu'il devait toujours répéter plusieurs fois.
Que j'ai retrouvé ma passion pour le cinéma, que je vois des films sans sous-titrage.
Je le fixe droit dans les yeux en lui expliquant parce que je veux qu'il comprenne ma sincérité et franchise.
Il m'ausculte ... tout va bien. Il me demande de faire un "cone bean" afin de vérifier les rochers et de voir où sont positionnés les 16 et de lui envoyer les résultats rapidement.
Et je lui parle du second implant...
Pour lui, c'est trop tôt, il veut voir comment je serai au plateau, au maximum des réglages. Nous nous reverrons dans 6 mois, un an pour en rediscuter.
Car, j'obtiens des résultats, en six mois, incroyables.
Je lui demande s'il a retiré le tympan et les osselets car je  ne ressens plus la pression dans l'avion.
Non, tout est encore là mais il n'y a plus rien derrière le tympan.
Il regarde une dernière fois mes résultats et me rassure sur les tests en bruit ambiant et leur difficulté.
Je lui explique que je travaille cet exercice avec Claude et que pour l'instant je n'ai réussi qu'une seule fois à répéter un texte en entier ( le 4 avril alors qu'on essaie de le travailler depuis septembre. J'étais peu fière quand je suis sortie de chez elle !!!)
Je le rassure aussi en lui expliquant que je travaille la discrimination en milieu ambiant en allant au restaurant ou à des concerts !
Vraiment, j'ai adoré le rdv avec le Professeur Vincent. Je suis sortie de son cabinet en lui serrant chaleureusement la main, j'ai fermé la porte de son cabinet et ...j'ai fait des bonds dans la salle d'attente ( une seule personne en a ri : ma mère !)
Je voulais aussi lui proposer mon aide, en tant qu'intervenante extérieure auprès des enfants, mais je n'ai pas osé. L'ambiance ne s'y prêtait pas. Je tenterai la prochaine fois. J'en ai déjà discuté avec le motard bionique.
En parlant du motard bionique, il était présent via Messenger, j'ai pu exprimer mes angoisses pendant toute cette période de rdv. J'apprécie énormément échanger avec lui. J'espère un jour le rencontrer.
Jacqueline, que j 'ai revue avec un réel plaisir, m'a invitée à un de ses ateliers mais cela se déroulera pendant la période scolaire...dommage.
Mais, puisque je ne me fais pas opérer, je vais avoir de vraies vacances cet été, un trip à Lyon ???

Sinon, le reste du temps :
- bars, concerts avec ma grande soeur : je discerne super bien la guitare maintenant et je reconnais les paroles ("born to be wild"!!!)
- marches ( rapides, rapides rapides ) matinales avec ma thérapeute. J'ai dû cesser car bloquée. Mais marcher en papotant c'est pas mal enfin tout dépend de la cadence.
- J'ai revu mon amie Estelle. Elle m'a raconté un fait qui m'a beaucoup émue. Nous nous étions vues il y a un an et demi au restaurant. Elle m'a avoué qu'elle s'était trouvée un peu désemparée car elle devait répéter sa question à trois ou quatre reprises et à chaque fois je ne répondais pas juste. J'étais dans le thème mais ma réponse était parfois inadaptée. Elle s'était même demandée si elle ne devait pas passer par l'écrit. ...( Aïe, c'est dur à encaisser !)
Mais, ce soir-là, elle n'a jamais dû répéter et je lui ai demandé le lendemain si j'avais répondu à côté de la plaque...." Non, pas cette fois-ci" ...
- J'ai revu mon père, plusieurs fois ...très fatigué.





Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog